REPRENDRE

REPRENDRE
. v. a.
(Il se conjugue comme Prendre. ) Prendre de nouveau. Reprendre son épée. Reprendre les armes. Reprendre une ville. Reprendre un prisonnier qui s'était échappé, un oiseau qui s'était envolé. Reprendre à son service un ancien domestique. Cet homme a repris sa femme après une longue séparation. Après son exil, il reprit sa place au sénat. Je l'obligerai à reprendre le cheval qu'il m'a vendu. Il a repris ses habits d'été, d'hiver. Cet homme laisse de grands biens, mais sa veuve a beaucoup à reprendre sur sa succession.   Reprendre un chemin, Y rentrer après l'avoir quitté. Nous reprîmes le grand chemin à tel endroit.

Fig., Reprendre le dessus, Regagner l'avantage qu'on avait perdu. Il signifie aussi, Se rétablir après une longue maladie. Il a bien repris le dessus.

Fam., On ne m'y reprendra plus, Je me garderai de m'exposer de nouveau au même danger, au même ennui. On dit, par forme de menace, Que je ne vous y reprenne plus, que je vous y reprenne.

REPRENDRE, signifie aussi, Continuer quelque chose qui avait été interrompu. Il a repris son travail. Ils ont repris leur correspondance interrompue. Ils ont repris leur train de vie accoutumé. Il faut reprendre cette affaire. Il a repris la conduite, la direction, le gouvernement de la maison. Reprenons la conversation ou nous en étions. Reprenons notre lecture. Après cette interruption, il reprit ainsi son discours. Reprendre le fil de son discours.   Reprendre une chose, une histoire de plus haut, La raconter en la commençant d'un temps plus éloigné, pour rendre la narration plus claire, pour mieux éclaircir le fait. Pour vous bien instruire de cet événement, il faut reprendre la chose de plus haut. Reprenons cette histoire de plus haut.   Reprendre les choses de plus haut, Remonter à des vérités antérieures, à des principes généraux.  Reprit-il, il reprit. Expressions dont on se sert lorsque, rapportant une conversation, on fait parler de nouveau l'un des interlocuteurs. Il reprit ainsi. Il reprit en ces termes. Cela est indubitable, reprit-il ; mais ... Dans ces phrases, Reprendre s'emploie absolument.  En termes de Procéd., Reprendre une instance, Continuer avec une nouvelle partie ou avec la même, un procès commencé, et qui avait été interrompu. Il a fait assigner les héritiers d'un tel, pour reprendre l'instance avec eux.   Reprendre une tragédie, une comédie, etc., La remettre au théâtre.  Reprendre un mur, En réparer, en fermer les crevasses. Reprendre la façade d'une maison.   Reprendre un mur, un pilier, etc., sous oeuvre, en sous-oeuvre, par-dessous oeuvre. Reconstruire les parties inférieures d'un mur, d'un pilier, etc., en soutenant le reste par des étançons.

Fig., Reprendre sous oeuvre un projet, une entreprise, un ouvrage, S'en occuper en suivant le même plan, mais avec certaines modifications, certains changements.  Reprendre une toile, une étoffe, un bas d e soie, de fil, de laine, de coton, Rejoindre les parties qui sont rompues. Ces bas sont trop déchirés, on aura de la peine à les reprendre, à reprendre les mailles.

REPRENDRE, signifie aussi, Recouvrer. Reprendre ses forces. Reprendre courage. Reprendre ses esprits. L'empire reprit quelque force sous ce règne. Elle a repris l'usage de ses sens. Il a repris tous ses droits sur elle. Cette manufacture a repris un peu d'activité.   Reprendre son haleine, Recommencer à respirer après une interruption accidentelle, plus ou moins longue.

Fig., Reprendre haleine, Se reposer pour se mettre en état de recommencer à parler, à marcher, à travailler, etc.

REPRENDRE, signifie encore, Réprimander, blâmer, censurer quelqu'un parce qu'on prétend qu'il a fait ou dit mal à propos quelque chose. Reprendre doucement. Reprendre aigrement, rudement. On a beau reprendre ce jeune homme de ses fautes, il y retombe toujours.   Il s'emploie avec le pronom personnel, et signifie, Se corriger, se rétracter de quelque chose qu'on a dit mal à propos avec ou sans intention. Il dit un mot pour un autre, mais il se reprit aussitôt. Il laissa échapper un terme peu convenable, mais il se reprit dans le moment.

REPRENDRE, signifie aussi, Blâmer, censurer, critiquer quelque chose, y trouver à redire. Reprendre les vices. On reprend en vous bien des choses. C'est un homme de bien, je ne vois rien à reprendre en ses moeurs, dans sa conduite, à sa conduite. Cet homme trouve à reprendre dans les meilleurs auteurs. Je ne trouve rien à reprendre à ce passage. Quelque excellent que soit un ouvrage, il y a toujours quelque chose à reprendre, à y reprendre. Il n'y a rien à reprendre en cela. Il trouve à reprendre à tout ce qu'on fait.

REPRENDRE, se dit neutralement Des arbres, des plantes, qui prennent racine de nouveau, lorsqu'ils sont transplantés. Ce pommier, ce poirier a bien repris. On le dit également Des greffes. Cette greffe a bien repris.   Il se dit aussi Des blessures, des chairs qui ont été coupées, ouvertes, séparées ; et il signifie, Se refermer, se rejoindre. La plaie commence à reprendre. Les chairs reprennent.   Il s'emploie, en ce sens, avec le pronom personnel. La plaie se reprend. Les chairs se reprennent.   Ce convalescent, ce malade reprend, a bien repris, Sa santé se rétablit, est bien rétablie.  Cette pièce de théâtre a repris, Après être tombée d'abord, elle s'est relevée.

REPRENDRE, neutre, signifie quelquefois, Recommencer. Le froid a repris. Le chaud a repris. La pluie a repris. Cette mode a repris. Leur amitié a repris.   La rivière a repris, A commencé à geler de nouveau, à se glacer encore.  La goutte, la fièvre, etc., lui a repris, Elle lui est revenue, elle lui a pris de nouveau. On dit quelquefois activement, dans le même sens, La goutte, la fièvre, etc., l'a repris.

REPRENDRE, s'emploie aussi neutralement en termes de Manége, et se dit D'un cheval qui cesse, au galop, d'entamer avec la même jambe, et qui entame avec l'autre ; ce qui s'appelle aussi, Changer de pied. Votre cheval reprend bien. Faites que votre cheval reprenne.

REPRIS, ISE participe, Fam., Vous y voilà repris, Vous vous êtes remis dans un cas fâcheux. Je n'y serai plus repris, Je ne m'y exposerai plus.  Un homme repris de justice, Un homme qui a été puni ou réprimandé par justice, qui a subi une condamnation pénale. Quelle foi peut-on ajouter à son témoignage ? il a été repris de justice. On dit quelquefois substantivement, Un repris de justice. C'étaient des vagabonds, des repris de justice.

L'Academie francaise. 1835.

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  • reprendre — Reprendre. v. a. Prendre de nouveau ce qu on avoit renvoyé, abandonné ou perdu. Reprendre une ville. reprendre à son service un vieux domestique. cet homme a repris sa femme aprés l avoir accusée d adultere. Il se prend aussi pour, Saisir de… …   Dictionnaire de l'Académie française

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  • Reprendre haleine — ● Reprendre haleine interrompre un effort, un travail, une action, pour reprendre son souffle ou pour se reposer …   Encyclopédie Universelle

  • Reprendre en sous-œuvre — ● Reprendre en sous œuvre réparer ou reconstruire les parties inférieures (d un mur, d un pilier, etc.) en soutenant de façon provisoire les parties supérieures conservées …   Encyclopédie Universelle

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